Andreas, d’après la première partie du Chemin de Damas d’August Strindberg, mise en scène de Jonathan Châtel

Crédit photo : Christophe Raynaud de Lage

ANDREAS - D'après Le Chemin des Dames d'August Strindberg - Mise en Scène, Adaptation et Traduction : Jonathan CHATEL - Collaboration Artistique : Sandrine LE PORS - Scénographie : Gaspard PINTA - Lumière : Marie-Christine SOMA - Musique : Etienne BONHOMME - Costumes : Fanny BROUSTE - Assistanat à la Mise en Scène : Enzo GIACOMAZZI - Régie Lumièe : Eric CORLAY - Régie Son : Jordan ALLARD - Administration, Production, Diffusion : EPOC productions - Emmanuelle OSSENA et Charlotte PESLE BEAL Avec : Pauline ACQUART - Pierre BAUX - Thierry RAYNAUD - Nathalie RICHARD - Lieu : Théâtre Benoît XII - Ville : Avignon - Le 04 07 2015 - Photo : Christophe RAYNAUD DE LAGE
ANDREAS –
D’après Le Chemin des Dames d’August Strindberg –
Mise en Scène, Adaptation et Traduction : Jonathan CHATEL –
Collaboration Artistique : Sandrine LE PORS –
Scénographie : Gaspard PINTA –
Lumière : Marie-Christine SOMA –
Musique : Etienne BONHOMME –
Costumes : Fanny BROUSTE –
Assistanat à la Mise en Scène : Enzo GIACOMAZZI –
Régie Lumièe : Eric CORLAY –
Régie Son : Jordan ALLARD –
Administration, Production, Diffusion : EPOC productions – Emmanuelle OSSENA et Charlotte PESLE BEAL
Avec :
Pauline ACQUART –
Pierre BAUX –
Thierry RAYNAUD –
Nathalie RICHARD –
Lieu : Théâtre Benoît XII –
Ville : Avignon –
Le 04 07 2015 –
Photo : Christophe RAYNAUD DE LAGE

Andreas, d’après la première partie du Chemin de Damas d’August Strindberg, mise en scène de Jonathan Châtel

La scénographie épurée de Gaspard Pinta, sous les deux platanes tutélaires du Cloître des Célestins, propose à l’imagination du public un coin de rue, un carrefour, un asile de fou tendance Strindberg, un no man’s land design pour le nœud du drame – le spectacle Andreas -, inspiré au metteur en scène Jonathan Châtel par la première partie du Chemin de Damas du grand dramaturge suédois maudit.
Entre le devant de la scène et le mur de fond, une longue paroi moderne traverse majestueusement le plateau de cour à jardin, segmentée elle-même en autant d’ouvertures de portes de château de fer, à la fois battantes et silencieuses d’où surgissent et disparaissent des figures de la mémoire, les personnages d’un conte existentiel. Ils sont quatre – Pauline Acquart, Pierre Baux, Thierry Raynaud et Nathalie Richard – qui jouent sous le vent décoiffant des feuillages bruissant dans la nuit étoilée : l’Inconnu, le Mendiant, la Fille, la Mère, la Religieuse, le Vieillard, la Dame, des rôles indistincts qui composent le mystère de la multiplicité des Moi. L’histoire relève de la comptine d’enfance, un monde peuplé de trolls et de Barbe-Bleue, de forêts et de montagnes où les origines s’estompent et les identités se confondent – un royaume d’incertitude et de sentiment de la perte dans lequel « combattre des trolls, libérer des princesses, tuer des loup-garou » revient à vivre tout simplement mais toujours douloureusement, soit l’urgente nécessité du prétendant à une libération qui délivre de soi et de l’autre et auquel nul n’échappe.
La question existentielle posée tourne autour de la solitude de l’auteur et de l’espace de réinvention qu’elle génère, l’histoire encore d’une amnésie, d’un drame de la mémoire et du temps. Pour le metteur en scène, ce combat représente la métaphore de l’écriture, une lutte avec soi-même, ses propres démons et ses trolls, les mauvais esprits « du cœur et de l’âme », significatifs de la personnalité littéraire et philosophique de l’énigmatique Strindberg, comme de l’être post-moderne : « Écrire, c’est tenter de retrouver la langue maternelle, à jamais perdue, puis se taire enfin.» Le silence représente un attrait puissant, celui qui enclenche la contemplation du monde dans la solitude tandis que le langage revient à traverser la vie avec l’autre. Entre les deux, le cœur balance, dirait l’un ou bien l’autre de ces figures en jeu.
Il est beau d’entendre ce texte clair et puissant, composé de la matière même de ce qui est en jeu, l’étoffe filée du monde et des jours auquel on appartient, déclamé par des comédiens d’envergure desquels se dégage la beauté particulière de Nathalie Richard et Pierre Baux. Le Mendiant conseille à l’Inconnu – joué par Thierry Raynaud qui n’atteint pas la profondeur irradiante du personnage – de trouver un monastère afin qu’il garde sa rage intacte tandis que la Dame, mère et amante, l’engage à rester avec elle, l’amour étant plus fort que la mort. Un songe attirant d’où on ne s’extrait qu’avec regret, tant il est rare de reprendre le chemin qui mène à soi.

Véronique Hotte

Festival d’Avignon – Cloître des Célestins, les 4, 5, 7, 8, 9, 10 et 11 juillet

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