Oasis Love, conception, texte et mise en scène Sonia Chiambretto, à Théâtre-Ouvert, dans le cadre du Festival d’Automne.

Oasis Love, conception, texte et mise en scène Sonia Chiambretto, collaboration artistique Yoann Thommerel, avec Théo Askolovitch, Sonia Chiambretto, Lawrence Davis, Déborah Dozoul, Emile-Samory Fofana, Felipe Fonseca Nobre, Julien Masson.

Crédit photo : Christophe Raynaud de Lage.

Sonia Chiambretto a fait des cités de banlieue l’inspiration majeure de son travail.  Elle s’en réclame même dans son écriture où les expressions des jeunes des quartiers voisinent avec une construction littéraire.

Elle ne cache pas son admiration pour la créativité d’une jeunesse « quasiment des avant-gardes, souvent imitées, avec retard, et dont l’art, la mode ou la publicité s’approprie les codes », et s’en réclame implicitement.

Oasis Love baigne dans cet univers mais en posant la question, oh combien glissante, en raison des instrumentalisations permanentes dont elle fait l’objet, à savoir les relations entre la police et les quartiers. Et en la posant d’une façon décalée où le réel se mêle aux émotions des personnages, une approche empreinte de poésie pour des situations traitées trop souvent avec une pseudo objectivité.

L’autrice y mêle la préoccupation plus universelle de l’âge tendre : la quête de l’âme sœur, sans nier l’emprise du religieux, du pouvoir masculin et du « qu’en dira-t’on » dans les cités, quant à l’affirmation du droit des filles à s’émanciper ou celui de l’homosexualité à exister. 

La pièce est conçue comme une succession de scènes titrées comme des poèmes, dont les liens sont aussi peu évidents que la superposition des niveaux de langues et de tons, de l’humour et du  tragique, du quotidien trivial et des rappels d’émeutes ou de répressions  historiques, de l’image d’un policier idéal et ravi, de la formation des CRS. Cela ressemble  à un collage mais suffisamment organisé pour maintenir l’attention du spectateur et donner la sensation d’un tout, alors que, prises une à une, les scènes paraitraient disparates.

Même si le parti pris de Sonia Chiambretto est évident, les jeunes étant les victimes par essence, elle expose les questions sans anathème ni slogan facile, en respectant l’adversaire, avec l’idée implicite que ségrégation sociale et état policier sont consubstantiels et que l’un génère l’autre. Ce n’est pas original mais donne toujours matière à repenser un vivre ensemble bien mal en point, même si la violence des banlieues n’est pas qu’exogène et ne peut  pas se résumer à cette seule confrontation . 

La scénographie et les lumières (Léonard Bougault, Neills Doucet) sont soignées et réservent  quelques belles images. Un plateau rectangulaire, une table-banc, et des barres de HLM stylisées en fond, sont peu à peu happés par une ambiance plus douce et la présence d’un palmier figurant cette fameuse oasis de paix et d’amour…

Surtout les comédiens donnent aussi à la pièce sa cohérence par leurs personnalités bien frappées et un beau travail d’équilibre, aucun d’entre eux ne tirant la couverture à lui, et chacun tient sa tirade . 

C’est rare et salutaire de retrouver un théâtre de texte, accessible  à tous, bien servi, qui se coltine à un sujet brûlant. Un chemin à poursuivre. 

Louis Juzot

A Théâtre-Ouvert, du 18 au 30 septembre, du lundi  au mercredi 19h30, jeudi, vendredi 20h30 , samedi à 18h, relâche dimanche. Dans le cadre du Festival d’Automne, en coproduction avec le Théâtre Nanterre-Amandiers CDN, Théâtre Ouvert –Centre National des Dramaturgies Contemporaines– 159 avenue Gambetta  75020 PARIS

theatre-ouvert.com,01 42 55 55 50, nanterre-amandiers.com, 01 46 14 70 00, festival-automne.com, 01 53 45 17 17