A qui mieux mieux, compagnie L’Etendue, conception et mise en scène Renaud Herbin. Avec Bruno Amnar.

Crédit photo : Benoît Schupp

A qui mieux mieux, compagnie L’Etendue, conception et mise en scène Renaud Herbin. Avec Bruno Amnar.

Pour évoquer ce spectacle qui s’adresse aux jeunes enfants, il faut imaginer des pelotes de laine et peut-être une couleur : le bleu.  

La laine, c’est un matériau vivant qui est tissé partout depuis que l’homme s’est sédentarisé, une matière animale, chaude, associée à l’enfance, aux sensations de confort et de protection. Des  générations de tricoteuses ont confectionné et continuent à le faire – bonnets, chaussettes, écharpes et pulls pour les jeunes enfants et les plus grands.

Le bleu ,c’est la couleur céleste, la couleur des robes virginales et sacrées depuis le Moyen-Age jusqu’aux monochromies d’Yves Klein ou jusqu’aux variations de Geneviève Asse, à la fois douce et sereine, appel de l’absolu ou de l’aventure.

Leur association a inspiré sans doute Céline Diez, la plasticienne qui a conçu la scénographie de ce spectacle qui nous renvoie à la rencontre première entre le petit homme et le monde. 

La laine crue baigne dans des lumières suaves qui font ressortir les jeux de couleurs et la gestuelle du comédien, création d’Anthony Abrieux.

Renaud Herbin  a voulu mettre en scène le contact direct du jeune enfant avec le monde, ce qu’il impose d’efforts et de volonté « A qui mieux  mieux» c’est l’intuition du corps qui sent pulser la vie, ému de ce qui se transforme déjà en lui…c ‘est la capacité de s’émerveiller, de se métamorphoser dans notre rapport sensible aux choses…, le défi de la vie à relever. »

Le comédien Bruno Amnar est l’enfant qui nait  et évolue dans un cercle bleu, des cintres un grand sac descend qu’il va devoir appréhender, triturer avant de l’ouvrir. Le comédien nouveau né va en extraire des écheveaux de laine bleue puis colorée de rouge et  d’orangé,  à mesure qu’il grandit et organise les choses autour de lui. 

Il associe la parole à l’acte avec des termes bégayés et repris, remâchés comme son corps gauche, qui tombe et roule, se redresse ; tout est affaire d’apprentissage et d’expérience, de réitérations et de découvertes.

La laine est le vecteur de cet apprentissage et prend les formes que lui donne l’acteur-enfant. Extrait du  grand sac, il s’en couvre, se niche et se love dedans, la malaxe et la pétrit. Elle devient sa seconde peau et la prolongation de ses sensations dans cette circonférence qui est son monde.

 Un carré entoure le cercle avec à chaque angle quatre petits congas, sur lesquels  frappent des marteaux comme des  pulsations cardiaques, mises en musique par Sir Alice.

L’ensemble est raffiné, le jeune public réagit bruyamment aux sollicitations du comédien et à ses gestes désordonnés, mais incidemment, c’est aussi  pour lui un moment de rencontre avec l’art sous toutes ses formes, de la matière et de la couleur, du son et de la lumière. 

Un bel atelier pour le jeune spectateur.

Louis Juzot

Jusqu’au 22 décembre à 15 h au Théâtre Le Mouffetard, Centre Nationale de la Marionnette, 73 rue Mouffetard 75005. Tél 01 84 79 44 44 lemouffetard.com 

Les 11 et 12 janvier 2023,Théâtre de Montbéliard(25). A confirmer : janvier , février 2023, festival  MOMIX  Kingersheim(68) ;  février, mars 2023 Théâtre Nouvelle Génération, Lyon (69) ; avril 2023, Festival Puy–de-Mômes,  Cournon-d’Auvergne (63) 

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