Scrooge d’après Un chant de Noël de Charles Dickens, adaptation Collectif Artistique du Théâtre de Lorient, création collective dirigée par Rodolphe Dana.

Crédit photo : Agathe Poupeney.

Scrooge d’après Un chant de Noël de Charles Dickens, adaptation Collectif Artistique du Théâtre de Lorient, création collective dirigée par Rodolphe Dana.

Avec Julien Chavrial, Rodolphe Dana, Katja Hunsinger, Antoine Kahan, Marie-Hélène Roig. Et la participation d’Antoine Bellec, Gabriel Chavrial, Klara Drion, Jacinthe Grimaud, Jean-Michel Le Dily, Dylan Le Discot, Marie Le Guellec, Pierre -Yves Toribe et un choeur d’élèves du Conservatoire de Lorient et Antoine Strub, le chef de choeur.

« Si je pouvais agir à ma guise, tous les imbéciles qui parcourent la ville en criant : Joyeux Noël, seraient mis à bouillir avec leur pudding et enterrés avec une branche de houx plantée dans le coeur. Et voilà ! » Un chant de Noël – Charles Dickens.

Rodolphe Dana s’empare du texte fantastique de Dickens, pour créer un authentique conte de Noël. Brouillard londonien, effervescence de Noël, à la veille du réveillon, batailles de boules de neige, choeur d’enfants et chants de Noël, ambiance festive extra-ordinaire tout près de l’An Neuf.

Le spectacle féérique mêle amateurs et professionnels pour conter la folle nuit d’Ebenezer Scrooge, homme détestable, au coeur froid, métamorphosé par la visite de trois Esprits de Noël.

Romancier anglais, Charles John Huffam Dickens (1812-1870) est né dans une famille modeste à l’époque victorienne. Après une enfance heureuse dans le Kent, il doit brutalement arrêter l’école pour rejoindre sa famille obligée de déménager à Londres. Son père contracte des dettes si importantes qu’il finit par être emprisonné, plongeant sa famille dans la grande misère et obligeant Charles, adolescent, à travailler dans une manufacture de cirage pour aider à payer le loyer.

L’expérience traumatisante est présente dans David Copperfiled,et l’oeuvre de Dickens est inspirée de la nostalgie d’une enfance heureuse et de l’obsession de la faim et de la pauvreté. Les Aventures d’Oliver Twist, De Grandes Espérances, Contes de Noël, et Un Conte des Deux Villes, font partie de ses oeuvres majeures.

Le vaste plateau du Grand Théâtre du Théâtre de Lorient – Centre dramatique national – est investi par les rues de la ville londonienne, ses bancs, ses échoppes devinées tout près. Le cabinet de Scrooge est situé dans les hauteurs, monté sur un piédestal d’où il domine un monde qu’il méprise. De même, sa chambre est installée dans une autre guérite surélevée, suspendue en l’air. 

 Scrooge, interprété par Rodolphe Dana, directeur du Théâtre de Lorient – centre dramatique national -, ne voit plus le monde : il s’en est détaché, infiniment solitaire dans ses froides hauteurs.

En bas, courent les enfants heureux de jouer aux boules de neige lancées sur les trottoirs – joues rougies par le froid, bonheur de la période de Noël, cris et perspective d’une dinde et de friandises.

D’un côté, la joie de vivre et d’exister de l’employé de Scrooge, et de l’autre, Scrooge lui-même, rigide, raide et replié sur sa propre vision d’un monde étriqué et hostile, faux, artificiel, sur-joué.

Même sa jolie nièce – Katja Hunsinger -, pleine de bonne volonté et de généreux allant, ne parvient pas à le convaincre de se rendre au repas de Noël à l’invitation du secrétaire de Scrooge : elle lui présentera son fiancé. Or, le barbon ne veut rien entendre et se montre si désagréable et si désobligeant, si peu amène qu’il déroute, trouble et déstabilise ses interlocuteurs – proches ou pas.

Heureusement, le rêve et le songe sont au rendez-vous des rencontres de Scrooge descendu dans la rue. Il va renouer malgré lui avec les visions de son passé, quand il était lui-même un enfant et que les boules de neige reçues n’étaient pas encore ressenties comme une vexation.

Il aperçoit sa propre soeur si rieuse, défunte aujourd’hui, et se voit grandir lui-même, en se resserrant sur ses obligations, son emploi et ses affaires, de manière rigoureusement égoïste.

Mais la vie et l’enthousiasme, l’élan et la joie se saisissent de la rue grâce à un magicien inopiné – un esprit de Noël – et il y en aura trois en tout, selon la prémonition de la fée magicienne surgie dans les hauteurs et qui parle avec une franchise claire à cet homme maladroit et antipathique.

L’esprit fait se transformer chacun en ce qu’il n’est pas ou plutôt en ce qu’il est profondément, sans le savoir. Deux ennemis irréversibles se mettent ainsi à danser soudainement ensemble en riant, et des couples qu’on croyait improbables auparavant entament des pas de deux à n’en plus finir.

La vie est toujours plus belle qu’on ne le croyait à qui veut bien s’en saisir avec goût et pertinence. L’Esprit de Noël est facétieux sous ses dorures et ses rondeurs de ballon enfantin amusé et joueur.

Une soirée d’emportement et d’allégresse, avec Julien Chavrial, Rodolphe Dana, Katja Hunsinger, Antoine Kahan, Marie-Hélène Roig, et tous les autres, enfants ou pas.

Véronique Hotte

Spectacle vu le 20 décembre, jusqu’au 21 décembre, au Théâtre de Lorient -CDN, Grand Théâtre. Tél : 02 97 02 22 70. billetterie@theatredelorient.fr