Jusqu’à ce que la mort nous sépare de Rémi de Vos, (éditions Actes Sud- Papiers), mise en scène Nikson Pitaqaj.

Jusqu’à ce que la mort nous sépare de Rémi de Vos, (éditions Actes Sud- Papiers), mise en scène Nikson Pitaqaj.

L’une des premières pièces de Rémi de Vos est une réflexion enjouée  sur la vie, l’amour, la mort, autour d’une urne funéraire et d’un fils face à deux rivales. Un bijou de drôlerie.

L’enterrement et la réunion de famille qui l’accompagne est un moment souvent exploité au théâtre, par Yasmina Reza ou Lars Noren, entre autres pour citer des contemporains, moment où les choses les plus enfouies remontent à la surface, où les langues se délient. 

Moment de vérité et de paroles échangées, souvent après le décès d’une mère, qui fut  porteuse de la vie de ceux qui restent.

Rémi De Vos y ajoute un mariage inattendu, et dans cette  pièce courte et farfelue, nous plonge dans un monde de solitude qui relie trois êtres : Madeleine, Simon son fils, Anne l’inattendue très attendue. Celle qui les réunit est la grand mère  dont on ignore le prénom mais dont les cendres fraiches vont nourrir  la trame de l’intrigue et ses rebondissements. 

Anne casse l’urne par mégarde et tout s’enchaîne.

Ce n’est pas une farce, les thèmes abordés sont éloignés du genre ; le sens de la vie, le poids du passé, l’énigme de l’amour sourdent sous le vernis burlesque, les ruptures de ton, les jeux de gestes et de mots. 

Le sac plastique qui contient l’urne cassée passe de mains en mains comme une grenade, le frigidaire et le caddy le contiennent, le cachent, le transportent . . .  objets du quotidien devenant objet de transferts et de poésie.

On rit beaucoup car l’action rebondit sans cesse dans des directions opposées avant que tout ne s’harmonise dans la tête de Simon : « Dans le Talmud, il est écrit qu’un homme sans femme n‘est pas une créature humaine ».

Simon remerciera les trois femmes de sa vie dans une tirade finale, lui, qui ne pensait qu’au boulot, détestait sa mère et avait enfoui dans la pénombre de sa mémoire son amour de jeunesse.

Les trois comédiens tiennent le rythme : Mirjana Kapor, la mère qui boitille et s’énerve, ratiocine et se plaint, Christopher Mampouya, inquiet et mal assuré, est Simon, Naïma Gheribi est Anne, décidée et prête à tout pour saisir sa dernière chance. Ils jouent de façon appuyée, saccadée, clownesque, alors que le texte se suffit à lui-même.

Ce jeu forcé n’empêche pas la mécanique  de fonctionner sans à-coups pour le plaisir du public, l’occasion de commencer une journée avignonnaise dans la bonne humeur !

Louis Juzot

Festival Off, 10h 45,  du 7 au 25 juillet, relâche les 12 et 19 juillet, au Théâtre Transversal, 10 rue d’Amphoux, 84000 Avignon,  theatretransversal.com