PARAGES 12 – La revue du Théâtre National de Strasbourg, revue de réflexion et de création dédiée aux écritures contemporaines. 

Crédit photo : Jean-Louis Fernandez

PARAGES 12 – La revue du Théâtre National de Strasbourg, revue de réflexion et de création dédiée aux écritures contemporaines. Tous les numéros, disponibles aux Solitaires Intempestifs.

Stanislas Nordey quitte la direction du TNS à l’automne prochain. Ce 12 ème et dernier numéro de PARAGES rassemble les auteurs programmés au TNS, de 2015 à 2023. Un laboratoire, la dernièrephotographie d’un paysage contrasté, morcelé, aux chemins divers.

L’aventure éditoriale PARAGES se termine au TNS, ce dernier numéro depuis 2016 vient la clore. Le départ prochain de Stanislas Nordey de la direction du théâtre marque la fin d’une publication originale, exclusivement consacrée aux auteurs vivants; tous les auteurs programmés entre 2015 et 2023 ont été invités dans ce numéro et bon nombre d’entre eux ont pu répondre à l’appel.

Dans la revue PARAGES, différents modes d’écriture ont été expérimentés, les auteurs ayant toute liberté de choisir leur forme : fiction, lettre adressée à quelqu’un, correspondance, échange avec un autre écrivain, journal intime, carnet de travail, portrait, autoportrait, article de réflexion sur un thème ou une question, témoignage, prise de position claire portant sur l’actualité politique.

PARAGES 12 propose encore une grande variété de contributions de la part des auteurs : extrait ou incipit d’une pièce en cours, extrait de journal intime, portrait, forme brève, récit, texte-hommage, texte-souvenir, poème, réflexion, entretien, témoignage, récit de soi, texte-adresse, etc.

Les contributeurs de ce PARAGES 12 ne sont rien moins que Baptiste Amann, Christine Angot, Alexandra Badea, Anne Brochet, Stéphanie Chaillou, Sonia Chiambretto, Martin Crimp, Simon Diard, Penda Diouf, Jean-Louis Fernandez, Julien Gaillard, Claudine Galea, Pauline, Haudepin, Anja Hilling, Maylis de Kerangal, Lazare, Jean-René Lemoine, Edouard Louis, Laurent Mauvignier, Léonora Miano, Wajdi Mouawad, Marie Ndiaye, Dieudonné Niangouna, Christophe Pellet, Pauline Peyrade, Pascal Rambert, Jean-Michel Ribes, Falk Richter, Mohamed Rouabhi, Marc-Emmanuel Soriano, Anne Théron, Yoann Thommerel, Frédéric Vossier.

Quelques extraits, parmi d’autres, choisis par le directeur éditorial de PARAGES, Frédéric Vossier : 

Strasbourg-ville de Christine Angot : « ( …) Dans le train, quand j’entendais la voix du contrôleur dire « destination Strasbourg-ville », un noeud se formait dans ma gorge. C’était la ville où j’avais rencontré mon père et l’une de celles-ci où j’avais subi l’inceste, sa femme et ses enfants y vivaient toujours, je cherchais à les joindre, ils ne répondaient pas à mes appels. (…) »

L’Ennemi imaginaire d’Alexandra Badea : « Il y a dix ans ou peut-être même quinze, peu importe, j’ai rencontré quelqu’un dans un bar par hasard. On a parlé de plein de choses : de l’actualité politique, de l’état du monde, des fractures sociales, de notre sentiment d’impuissance face à ça. Et à la fin,  il m’a dit cette phrase qui m’a poursuivie très longtemps : Toi, tu es en guerre, mais tu n’as pas encore trouvé ton ennemi. Quand tu le trouveras, tout ira mieux. (…) » Badéa le cherche toujours, perdue dans un temps qui s’accélère et l’empêche d’apprécier le paysage depuis le train.

Loge n°4 de Jean-René Lemoine : « (…) C’est quoi, déjà, les premiers mots ? Dans le silence de la loge, je dis à haute voix les premières phrases, celles que je prononcerai dans l’obscurité, avant que la lumière ne s’abatte sur mon visage. Prendre le petit pinceau, appliquer le fard gris dans le creux de la paupière supérieure pour ajouter de la profondeur au regard, dessiner avec le même pinceau la courbe des sourcils, estomper avec le doigt, creuser les joues en les ombrant avec le grand pinceau, voilà, tout va bien, mon visage est prêt, image arrêtée dans le miroir.

Voix-brouhaha de Maylis de Kerangal : « Je l’entends venir de loin, par les portes entrouvertes, depuis le fond des allées, au revers des palissades, je le sens qui enfle à mesure que j’approche, je le perçois qui monte, s’intensifie, je reconnais sa texture désirable, son grain spécial, souvent j’accélère, et quand je débarque dans la salle du théâtre toujours, un peu éblouie, égarée, c’est bien lui, le brouhaha, qui me signale que c’est là, que je suis arrivée, et que tout est à venir – son étymologie énigmatique appelle de vieilles prières juives, barukh habba signifiant justement « béni soit celui qui vient ».  Or, tout a déjà commencé : certes le rideau est encore baissé, les lumières sont allumées, quelques personnes vont et viennent dans les travées, se faufilent dans les rangs un livret à la main ou s’adressent des signes, certes la salle bruite des sons de tout ce qui se frotte, se glisse, s’assied, s’installe – le fauteuil qui souvent grince et les sacs où l’on remue la main pour y chercher ses lunettes, y plonger un portable – mais quelque chose est là, palpable, audible, qui me dit que le théâtre est en cours. (…) »

Des possibilités de lectures multiples, qui tournent autour du théâtre ou pas, et de la vie toujours.

Véronique Hotte

Au Festival d’Avignon 2022, rencontre 11 juillet à 18h, à La Maison Jean Vilar.

Les auteurs sont-ils nécessaires dans un théâtre ? Considérer l’expérience du TNS: associer des auteurs, fonder une revue et un prix des lycéens. En présence de Claudine Galéa, Marie Ndiaye, Pascal Rambert, Falk Richter, Frédéric Vossier et Stanislas Nordey – directeur du TNS.

PARAGES 12 – La revue du Théâtre National de Strasbourg, revue de réflexion et de création dédiée aux écritures contemporaines. Une collection de 12 numéros (2016-2022) dont 4 sont consacrés à des auteurs associés : Falk Richter, Pascal Rambert, Claudine Galéa et Marine Diaye. Prix à l’unité:15€ et pour 4 numéros au choix: 40€. Tous les numéros sont disponibles aux Solitaires Intempestifs.