Mandela, adaptation d’Olivia Burton et Xavier Marchand, mise en scène de Xavier Marchand.

Crédit photo : Joseph Banderet.

Mandela, adaptation d’Olivia Burton et Xavier Marchand, mise en scène de Xavier Marchand.

Rappel de l’icône Mandela Nelson (1918-2013) par Benoît Dupin, Encyclopedia Universalis).

Mandela (1918-2013) est un fils de chef de tribu – goût de la liberté et du défi forgé entre camarades ; sa formation de chef à la cour du régent des Thembus qui l’a adopté à la mort de son père en 1927, le prépare à l’exercice d’un pouvoir politique. Formé dans les meilleurs établissements pour intégrer l’élite indigène, devenu un « Anglais noir », il s’affirme, envers et contre tous, Africain; en 1941, il gagne Johannesburg – grande métropole et cité de l’or. Dans les townships, Mandela et ses amis ouvrent la voie d’une nouvelle sud-africanité : urbaine, libre, active, intellectuelle, militante.

Walter Sisulu, Oliver Tambo, Anton Lembede, Ashby Mda créent en 1944 une Ligue des jeunes dans le vieux parti politique de l’African National Congress (ANC). Mélange d’autorité naturelle et de modernité révolutionnaire, Mandela conduit la lutte contre l’apartheid.

Il ouvre avec Oliver Tambo le premier cabinet d’avocats noirs d’Afrique du Sud à Johannesburg pour lutter contre la ségrégation.

Ayant participé, en 1955, à la rédaction de la Charte de la Liberté, Mandela est arrêté, accusé de haute trahison avec 155 militants anti-apartheid – ils seront tous acquittés, les derniers en 1961.

Mais après des manifestations pacifiques durement réprimées, Mandela fonde en 1961 une branche armée au sein de l’ANC, MK, « la lance de la nation ». Entré dans la clandestinité, il quitte le pays, se rend dans les capitales africaines et à Londres. Héros populaire et homme le plus recherché du pays, il est arrêté en août 1962. Après la capture des autres dirigeants de MK, en juillet 1963, à Rivonia, ils échappent à la peine de mort, condamnés à la prison à vie. Il purge sa peine à Robben Island, avec ses compagnons de lutte – Walter Sisulu et Ahmed Kathrada..

La tyrannie de l’apartheid provoque les émeutes de Soweto en 1976, puis la révolte des townships dix ans plus tard. Dès 1980, les mouvements anti-apartheid s’emparent de l’icône Mandela pour en faire leur symbole. Déplacé dans des prisons moins terribles, Mandela souhaite en 1986 voir la crise résolue par la négociation et non l’affrontement. Le dialogue n’est possible qu’à l’arrivée de Frederik De Klerk à la tête de l’État en 1989. Mandela est libéré en 1990, après vingt-sept ans de réclusion.

Il reçoit avec De Klerk, dernier chef d’Etat du régime d’apartheid, le prix Nobel de la paix en 1993 pour leurs efforts conjoints dans le processus de paix. Après avoir voté pour la première fois, le 27 avril 1994, aux premières élections libres et multiraciales du pays, il est élu président de la République, le 9 mai 1994. Sa présidence vise la réconciliation nationale et la construction d’une nouvelle nation « arc-en-ciel ». 

Passionné par les figures de l’engagement, Xavier Marchand confie à quatre comédiens la parole et les réflexions de Nelson Mandela et de ses compagnons de lutte. Nourri par des images d’archives et contemporaines, le spectacle plonge le public dans un récit puissant et romanesque.

Entre-choc de la détermination et des doutes d’un homme, vision personnelle et stratégie collective tracent un chemin accidenté vers la liberté : épique, exemplaire et universel.

Le spectacle reprend des extraits de Conversations avec moi-même (en référence à Aurèle), ouvrage rassemblant différents écrits de Nelson Mandela – conversations avec le journaliste américain Richard Stengel, en 1990 qui complètent l’autobiographie écrite en prison, Un long chemin vers la liberté, et encore lettres de détention, agendas et notes sur des sujets variés.

Dans ce récit épique et didactique, le public suit la progressive évolution du régime auquel les noirs, les métis, les colored, les indiens sont confrontés, les années d’études dans cet environnement hostile, la création du premier cabinet d’avocats noirs d’Afrique du Sud, l’engagement dans l’ANC, la limite de la non-violence, la création de la branche armée de l’ANC et le recours à la lutte armée, la clandestinité, son arrestation, ses plaidoiries au cours des procès. Comment la lutte continue en prison jusqu’à ce ce que s’impose le constat intime et politique: les négociations sont la voie à suivre pour faire cesser l’apartheid et dialoguer les communautés.

Odile Darbelley, qu’on a coutume de voir oeuvrer dans la mise en scène avec Michel Jacquelin, incarne la journaliste respectueuse et rigoureuse, à l’écoute des informations qu’on lui apporte.

Et Moanda Daddy Kamono, Lazare Minoungou, Valentin Rotilio s’échangent les rôles des personnages – jouant tour à tour Mandela ou bien l’un de ses compagnons, formant un choeur solidaire à l’extrême, prenant la parole pour expliquer l’attitude ou le comportement de tel ou untel.

Joviaux, ouverts à la discussion, sachant imposer aussi leurs vues divergentes, ils vivent sur la scène avec  allant et générosité, tout comme avec inquiétude et tension, selon les événements.

Quelques chaises et tables, des écrans de projection – un grand, un moyen et deux petits -, des micros sur pied, les voilà qui habitent le plateau avec toute la vigueur et l’élan souhaités et requis.

Salle d’audience de procès, cellule de prison, rue de la ville ou foyers de l’un ou l’autre.

Se mouvant et se déplaçant en solo, duo ou trio, ils peuvent rester méditatifs et s’arrêter, tandis que défilent des images d’archives de foules emportées et engagées dans la lutte, des images aussi du Transké, la campagne vallonnée d’où est originaire Mandela. Les interprètes dansent quelque temps plus tard avec une allégresse à la mesure exacte du sens de leur responsabilité.

Des hommes intègres qui expliquent et justifient les faits et gestes de ceux qui ont fait l’Histoire.

Un spectacle précis dans son exposition patiente, vif et passionnant – une urgence réalisée.

Véronique Hotte

Du 7 au 16 octobre 2021 à la MC93, Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis, Bobigny. Les 21 et 22 octobre, à la Maison de la Culture d’Amiens. Les 13 et 14 novembre, au Théâtre de la Joliette, Marseille. Les 27 et 28 novembre, Théâtre du Bois de l’Aune, Aix-en-Provence. 

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