Quichotte Y Panza, d’après L’Ingénieux hidalgo Don Quichotte de la Manche de Cervantes, adaptation et mise en scène de Claude Guyonnet

Crédit photo : Guillaume Jargot

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Quichotte Y Panza, d’après L’Ingénieux hidalgo Don Quichotte de la Manche de Cervantes, traduction Aline Schulman (Editions du Seuil et du Point), adaptation et mise en scène de Claude Guyonnet

 Sur le plateau nu de bois, quelques accessoires insolites, et sous le feu des projecteurs, un lit à la verticale – un drap blanc recouvrant un cadre nu qui suggèrera plus tard les barreaux d’une prison -, un brasero pour se réchauffer quand on bivouaque la nuit, une pierre enfin pour le cadre minéral de temps rudes et bruts.

L’ingénieux hidalgo Don Quichotte de la Manche a décidé de se faire chevalier, se battant pour le Bien et ce faisant, combattant le Mal, volant au secours de la veuve et de l’orphelin, tous les nécessiteux que l’on croise quand on parcourt le monde.

Le jour est enfin venu où le héros de Cervantès, admiratif du valeureux Amadis de Gaule et rêveur amoureux de la Dulcinée du Toboso, est sur le point d’accomplir des exploits dignes de figurer dans le livre de la Renommée pour les siècles à venir.

Et l’hidalgo extravagant précise au serviteur bon enfant Sancho Panza auquel il a promis une île à gouverner qu’ils vont apporter aide et secours aux opprimés.

Il conviendrait à Don Quichotte d’avoir une dame pour qui il accomplirait de hauts faits de chevalerie, fameux et jamais vus, et qu’on ne verra jamais car à lui seul sont réservés les pires dangers, les plus grands exploits, les plus hauts faits d’armes.

Des trépieds – sortes de sièges portables et pliables –, des assemblages d’objets divers, sont utilisés en guise de montures ; l’un, plus élevé pour l’illuminé, nourri de romans de chevalerie ; l’autre, plus bas pour le serviteur trivial monté sur un âne.

Balancements, sifflements et claquements de la langue évoquent le rythme vif ou bien ralenti du trot sonore de destriers approximatifs – faux chevaux de guerre pour faux tournois de chevaliers moyenâgeux, entraînés à porter leur cavalier en armure.

La situation du duo errant est cocasse, entre le jeu de l’amusement et de la gravité.

Il ne saurait se produire, sur la scène, nulle charge au galop ni jeu militaire de joute.

En échange, la bande sonore fait état des orages et des changements de ciel, des tempêtes, et des ombres qui peuvent s’abattre brutalement dans un paysage lunaire.

Surgissent ainsi inopinément une trentaine de géants aux grands bras en face du couple insolite, qui ne sont autres que des moulins à vent pour l’œil aguerri du valet.

Bruits d’armure et de fer, coups désordonnés et chutes brutales de corps lourds.

Autres obstacles et ennemis prétendus, nos héros en seront toujours les victimes. Or, le chevalier errant et son serviteur se relèvent bien de leurs coups et blessures.

Sancho Panza – incarné avec humour et bienveillance par Valère Bertrand – propose souvent de mettre pied à terre et de dormir dans l’herbe pour être plus reposé au moment décisif et violent des aventures inopinées qui les attendent.

De son côté, enfermé par le barbier et le curé – envieux et jaloux -, le Chevalier à la Triste Figure ne voit que créatures fantastiques déguisées, pur enchantement fatal.

Claude Guyonnet prend plaisir à jouer la déraison de cet hidalgo attachant et entêté, déclamant ses motivations et ses projets dans des discours littéraires savoureux.

Un duo convaincant, près des rêves, des songes et de la folie qui habitent chacun.

Véronique Hotte

Théâtre de l’Epée de Bois, Cartoucherie 75012 – Paris, du 18 au 30 mars, du lundi au vendredi à 20h30, samedi 16h et 20h30, jeudi 28 matinée à 14h30. billetterie@epeedebois.com

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