Longueur d’ondes – Histoire d’une radio libre -, mise en images Paul Cox et mise en scène Bérangère Vantusso – Festival Odyssées en Yvelines au Théâtre Sartrouville Yvelines CDN

Crédit photo : J-M Lobbé

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Longueur d’ondes Histoire d’une radio libre , mise en images Paul Cox et mise en scène Bérangère Vantusso – Arts graphiques, dès 15 ans.

Festival Odyssées en Yvelines au Théâtre Sartrouville Yvelines CDN

 En mars 1979, au cœur du bassin sidérurgique de Longwy, l’une des premières radios libres françaises a commencé à émettre : Radio Lorraine Cœur d’Acier.

RLCA devient le média du combat des ouvriers pour préserver leur emploi menacé par la fermeture imminente de leur usine et contre les délocalisations à venir.

Sauvegarde d’une dignité sociale à protéger, la radio initiale s’est élevée au-dessus des luttes nécessaires du jour pour devenir une radio effectivement « libre ».

La population – femmes d’ouvriers, personnes âgées, jeunes gens et non le seul syndicat de la C. G. T., fondateur actif de la radio – a jeté son dévolu sur cet outil de communication afin de s’exprimer- se dire en racontant ou raconter en se disant.

Que signifient, dans les années 1970, le syndicalisme et le militantisme ?

Les paroles de sidérurgistes se font entendre grâce aux archives sonores collectées.

Deux journalistes professionnels aident la création, Marcel Trillat et Jacques Dupont.

Afin de donner à connaître les pratiques d’une ville et d’une région auxquelles la population du bassin de Longwy est confrontée, tel le refus de nombre de médecins de conseiller la pilule aux femmes désinformées ou d’avoir recours à un avortement.

Les travailleurs – épouses et enfants, voisins et inconnus – ont créé leur radio, donnant la parole à ceux qui ne l’avaient pas, ainsi les immigrés qui ont pu s’exprimer en langue arabe dans une émission qui se chargeait de la traduction.

Un accès à la culture et à l’Histoire, une parole donnée enfin à l’autre et aux autres.

Inventée avec humanité, belle écoute et désir de partage, les habitants de Longwy, décidés, ont défendu leur radio avec élan et engouement : force conte le cynisme.

Soit l’incarnation vive d’une insoumission collective – via la parole et la réflexion.

Une expérience démocratique fondatrice, un apprentissage inouï, des souvenirs inoubliables et de belle mémoire pour la metteure en scène Bérangère Vantusso. Ce sentiment de libération collective éprouvé par l’enfant qu’elle était alors en 1979 est comme ressaisi par l’adulte au moment des rassemblements de Nuit Debout.

Ainsi, la dernière création Longueur d’ondes a pu naître de cette mémoire heureuse d’une Histoire vécue de la Lorraine jusqu’à sa transmission aux jeunes générations.

N’oubliant pas non plus les tristes épisodes de l’intervention des forces de l’ordre et du brouillage pour mettre fin à ces émissions de nature profondément subversive.

La forme du spectacle s’inspire de l’art du conte que Bérangère Vantusso a découvert au Japon, le kamishibaï – un roman graphique que l’on effeuille en parlant – un castelet à l’intérieur duquel est glissé un jeu facétieux de planches dessinées.

Le narrateur nippon s’appuie sur les planches pour faire avancer son récit, et Paul Cox pour Longueur d’ondes assure la peinture et le graphisme du projet scénique.

Les images et le récit s’entrelacent, s’interpellent et se répondent – vision poétique.

Dans un studio d’enregistrement artisanal, mais bel et bien concret, avec des sons d’archives, des tubes de variétés d’époque et des entretiens réalisés et conservés, les affiches promues s’égrainent, tel le feuillage des arbres au vent de l’automne.

Avec le papier pour support des images et des mots, les syllabes s’inversent – drôle de matériau de récit -, les mots changent de sens : leur/travail devient travailleur.

La lutte ouvrière est historique : elle éveille en même temps à une conscience de soi, personnelle et collective, à la fois intérieure et aussi dans l’échange avec l’autre.

Hugues de La Salle et Marie-France Roland sont de magnifiques performers, joueurs et didactiques, heureux d’en découdre avec la scène et son public, s’efforçant à clarifier leur propos, dansant avec les planches qu’ils font glisser, inventant la vie.

Véronique Hotte

11 é édition – Festival en Odyssées en Yvelines – Théâtre de Sartrouville CDN, séances dans les lycées, du 15 janvier au 14 mars. www.odyssees-yvelines.com        Studio-Théâtre de Vitry – Vitry-sur-Seine, du 23 au 26 mars 2018. L’Hectare, Scène conventionnée Vendôme, du 9 au 10 avril. NEST – Centre dramatique national de Thionville- Lorraine à Thionville, du 14 au 19 avril.

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