Six personnages en quête d’auteur de Luigi Pirandello, traduit et adapté par Fabrice Melquiot, « Scène ouverte », L’Arche, 2024.

Six personnages en quête d’auteur de Luigi Pirandello, traduit et adapté par Fabrice Melquiot, collection « Scène ouverte », L’Arche éditions, 2024.

Né en 1967 en Sicile, Luigi Pirandello est un écrivain italien, poète, romancier et dramaturge. Dans ses pièces mettant en scène un « théâtre dans le théâtre » apparaissent toutes les facettes de la personnalité humaine, entière et disloquée. 

Il reçoit le prix Nobel de littérature en 1934 et meurt en 1936.

Dans la plus célèbre pièce de Luigi Pirandello, créée à Rome en 1921, le théâtre se regarde dans le miroir et se prend pour fable. L’intrigue est simple: une troupe en pleine répétition est interrompue par six personnages, à la recherche d’un auteur pour écrire leur drame.

Ils remettent en question le jeu des comédiens, incapables de jouer une histoire qui n’est pas la leur, et ravivent l’éternelle friction entre réalité et fiction. Et si les apparences n’étaient pas si trompeuses ? L’art en serait-il plus vrai que la vie ? Près de cent ans plus tard, le chef-d’oeuvre de Pirandello n’a rien perdu de l’acuité de son regard.

« Je vois la pièce comme une tentative de mise à mort du théâtre: un attentat. Parce qu’il y a urgence à vivre ou revivre le drame déjà vécu, urgence à en retrouver la vérité, le théâtre doit disparaître, avec son lexique menteur et ses acteurs de mauvaise foi », écrit Fabrice Melquiot pour sa nouvelle traduction d’une belle vivacité qui remet en jeu ce drame intemporel, que Peter Szondi qualifiait de « quintessence du drame moderne ».(Quatrième de couverture)

Fabrice Melquiot a traduit et adapté Six personnages en quête d’auteur pour la mise en scène de Marina Hands à la Comédie-Française, au Théâtre du Vieux-Colombier, du 5 juin au 7 juillet 2024. Nous en ferons bientôt la critique scénique.

Note (extraits) sur la traduction de Six personnages en quête d’auteur par le traducteur:

« (…) Quand je commence à travailler, j’écoute l’énergie d’un texte, le contexte de son écriture, les forces à l’oeuvre. Je ne suis pas traducteur, je suis écrivain et le temps de la traduction, je suis un écrivain amoureux d’un autre écrivain.

J’ai essayé de donner à entendre l’âpreté des rapports, l’urgence de la quête, la tension entre deux mondes, deux clans; en résumé, l’un se réclamant de l’artifice, l’autre de la vérité. J’ai essayé d’affirmer l’explosivité qui travaille le texte, qui lui confère son énergie. Au début de la pièce, la balle qui a tué l’adolescent a déjà été tirée, la petite fille s’est déjà noyée: la mort – qui s’y connaît en vérité – infecte tout. L’origine est un destin.

J’ai délesté le texte d’indications scéniques qui me paraissaient datées, superflues.

Le terrain de jeu, c’est d’abord la parole : ce qui est dit donne à être, à faire et à voir. J’ai raccourci certaines phrases, parfois j’ai fait le choix de scinder certaines d’entre elles, pour gagner en vivacité, en moralité, et accorder au système d’énonciation une note plus directe plus crue, ainsi qu’une circulation plus fluide aux répliques à caractère informatif. 

L’exposé des faits relève également des faits. Dans les monologues du Père, de la Belle-fille ou du metteur en scène, j’ai essayé de traduire la complexité assumée dans la composition de certains passages: parce que les personnages sont dans une tension permanente entre discours et pensée, valeurs établies et bouleversement des codes et des perceptions. J’ai essayé de respecter les circonvolutions syntaxiques des points de vue en cours d’éclaircissement dans le temps de leur formulation.

Enfin, j’ai raclé la troupe à l’os: des personnages ont disparu – eux qui étaient le signe d’une luxuriance révolue – emportés par le principe de réalité propre à notre temps. » (Fabrice Melquiot).

Six personnages en quête d’auteur de Luigi Pirandello, traduit et adapté par Fabrice Melquiot, collection « Scène ouverte », L’Arche éditions, 2024.